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le bord de ses lèvres, et qui avait été prêt à s’échapper, était une preuve si certaine du désaveu que sa volonté faisait de ses sentimens, qu’elle ne pouvait qu’en être satisfaite. Laure partit le lendemain avec une femme-de-chambre qui devait la remettre entre les mains de la marquise de Bellefond, et Alindor revint le même soir. Il n’osait demander des nouvelles de cette fille. Son épouse le prévint, lui peignit les transports de la reconnaissance de Laure, et lui fit une sorte d’excuse d’avoir disposé sans son aveu du contrat dont j’ai parlé. Alindor transporté, crut ressentir à ce moment pour Armire tous les sentimens qu’il avait pour Laure, et eut besoin de toute sa prudence pour modérer les transports de sa joie. Il se flatta d’y avoir réussi, et se trompait tellement qu’ils eussent suffi pour éclairer son épouse, si elle eût eu quelque chose à apprendre sur ce sujet. Toutefois, elle lui sut gré de la contrainte qu’il s’imposait, parce qu’elle en connais-