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apprit le départ d’Alindor, et elle obéit aux ordres d’Armire qui lui commandait de la suivre au château. À peine y fut-elle entrée, que cette dame choisit dans sa garde-robe, celles de ses robes qui pouvaient convenir à Laure, et les fit ajuster à sa taille. Elle lui fournit aussi le linge dont elle ne pouvait se passer dans ce commencement, et écrivit aux ouvriers dont elle se servait à Paris, pour ordonner qu’on lui fournît ce qui lui. manquerait en arrivant. Ces habits ne parurent point du tout gêner la belle Laure qui eut, sous cette décoration, l’air aussi libre que si elle les eût portés toute sa vie : ils n’étaient que décens ; elle les trouvait trop magnifiques. Ce n’était point par une stupide admiration, comme une paysanne qui n’en eût jugé que par comparaison avec ceux qu’elle venait de quitter. C’était par la réflexion d’une fille sensée qui, ne prévoyant pas comment elle pourrait soutenir cet état, si les bontés d’Amure venaient à lui manquer, sentait