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choix, qui lui aurait paru si facile pour tout autre que pour sa fille future, et, trois fois, la triste destinée dont la princesse était menacée, glaça sa langue d’effroi. La reine tremblante, interdite, attendait en frémissant le choix de son époux. La vertu triompha enfin. Que les événemens qui paraissent les plus funestes tombent sur la tête de ma fille, s’écria-t-il, pourvu qu’elle devienne telle qu’il le faut pour faire la félicité de mon peuple !

À peine Aris eut-il prononcé ces paroles, qu’on vit tous ceux qui étaient présens verser des larmes de joie, d’admiration et de douleur. On élevait sa générosité jusqu’aux cieux ; on le plaignait ainsi que son épouse : tous les assistans conjuraient Uranie de la recommander à Clio ; et l’on attendait, avec une impatience mêlée de crainte, les grands événemens prédits.

Une suivante, favorite de Mithra, voulant faire diversion aux tristes pensées de sa maîtresse, s’avisa de faire une ques-