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en travaillant à vous rendre les dieux propices par vos vertus, ne craignez rien, ne désirez rien : souvent, hélas ! ils exaucent dans leur colère les vœux indiscrets. N’allez pourtant pas croire que je condamne vos désirs et ceux de votre peuple ; je n’en reprends que l’excès ; et il y a toujours de l’excès, quand le refus de ce que nous demandons produit le chagrin, le désespoir ou le murmure. Une fée trompeuse ou politique vous dirait, pour appaiser votre douleur, qu’elle va consulter ses livres, où l’on trouve, d’un bout à l’autre, toutes les décisions du destin. Pour moi, je suis trop amie de la vérité pour vous débiter de pareils contes. Les dieux seuls connaissent l’avenir, et il ne peut être découvert que par eux. Je vais donc demander leurs lumières ; s’ils m’exaucent, je vous instruirai de ce qu’ils daigneront m’apprendre.

Après avoir prononcé ces paroles, Uranie, s’adressant aux dieux, parut quelques momens hors d’elle-même : Ten-