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couler. Le roi crut le moment favorable pour l’intéresser à lui obtenir la grâce qu’il souhaitait avec tant d’ardeur.

Généreuse fée, lui dit-il, les dieux connaissent mon cœur ; ils savent par quel motif je leur demande un enfant : serait-il possible qu’ils fussent irrités des vœux que je forme ? L’amour que je porte à mon peuple me les inspire.

Et croyez-vous que les dieux aiment votre peuple moins que vous ? répondit Uranie. Si leur bien demande que votre postérité monte sur le trône, ils vous donneront un héritier. Croyez-moi, Aris, le propre intérêt se masque sous toutes sortes de formes ; tel croit n’aimer que sa patrie, qui n’est excité que par ses passions. Vous devez souhaiter, sans doute, le bien de vos sujets, le demander sans cesse aux immortels ; mais, comme vous ignorez absolument les moyens qui doivent perpétuer leur félicité, abandonnez-en le soin à leur providence. Ne prévoyez rien dans les choses où vous ne pouvez rien changer ;