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ôter à Mithra tout espoir d’en avoir jamais. Ils gémissaient souvent ensemble de ce qu’ils prévoyaient devoir arriver après leur mort ; et ils ne cessaient de demander aux dieux un héritier auquel ils pussent transmettre, avec leur sang, les vertus qu’ils s’efforçaient d’acquérir. Les Lutésiens joignaient leurs prières aux leurs ; mais, moins éclairés que leurs souverains, ils ne pouvaient comprendre que les dieux eussent de bonnes raisons de rejeter leurs demandes, et plusieurs d’entre eux étaient tentés de murmurer contre leurs ordres.

Un jour, Uranie, la plus sage des quatre fées, vint au palais. Elle trouva le roi et la reine environnés d’une foule nombreuse qui, en se livrant à la joie de trouver des pères dans leurs souverains, gémissait du malheur de ceux qui devaient naître, et qui ne pouvaient espérer un tel bonheur. La fée, qui avait le meilleur cœur du monde, fut attendrie, et mêla ses larmes avec celles qu’elle voyait