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n’ont pas fait réflexion à la supériorité que la vertu a sur le vice. Un honnête homme fait trembler dix scélérats ; il a sur eux un ascendant auquel ils ne peuvent se dérober ; et Aris, avec le secours de ces bonnes fées, triompha de la malice des autres, et vint à bout de remédier au mal qu’elles faisaient à ses sujets. Ils étaient devenus heureux, c’est-à-dire vertueux ; car ces deux mots sont synonymes, et on peut les employer l’un pour l’autre ; et comme rien n’est plus vrai que la maxime : Du bonheur que l’on fait, le nôtre naît toujours. Aris était heureux du bonheur de ses sujets ; cependant, comme la félicité des hommes ne peut être sans nuage, celle d’Aris et de Mithra était troublée : ils aimaient tendrement leurs sujets, et ne pouvaient penser sans douleur qu’ils étaient menacés de tous les maux qu’entraîne nécessairement une guerre civile. Aris, précieux reste d’une famille chère aux Lutésiéns, Aris n’avait point d’enfans, et dix ans de stérilité semblaient