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je reconnais les défauts de mon sexe, j’ai droit d’en parler.

Outre ces six méchantes fées dont Aris avait à se défendre, deux autres mois de l’année étaient sous la domination de deux fées qui, sans être aussi méchantes que les premières, ne lui donnaient pas moins d’embarras. Elles avaient de ces caractères équivoques, qu’il n’est pas possible de définir : la légèreté en faisait la base. Des passions violentes dans leurs accès, mais qui n’avaient pas plus de consistence que leur caractère, semblaient leur en donner un nouveau dix fois par jour. Elles aimaient passionnément, le matin, une chose, dont elles ne se souciaient pas le soir, et qu’elles haïssaient le lendemain. Leur ame molle se prêtait avec facilité aux nouvelles impressions ; et l’on pouvait deviner le soir, à coup sûr, par les dispositions où elles étaient, du caractère de ceux avec lesquels elles avaient passé la journée. Elles ne voulaient le bien ou le mal que par occasion ; car elles n’étaient