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sonnes du monde, toujours prêtes à accorder aux hommes les choses qui sont les objets de leurs désirs. Aris était enfin parvenu à faire comprendre à ses sujets, que le plus souvent les avantages extérieurs sont des dons funestes et empoisonnés. Il s’était servi de l’expérience pour les en convaincre ; et les méchantes fées qui, jusqu’alors, avaient été l’objet de la vénération des Lutésiens, leur étaient devenues suspectes, et ensuite odieuses. On peut imaginer quelle devait être leur rage contre Aris ; on ne peut la décrire. La haine d’un méchant homme est sans doute très-dangereuse ; mais ce n’est rien en comparaison de la haine d’une méchante femme. Quelle devait être la situation d’Aris, qui se voyait entourré, obsédé par six furies femelles, que l’intérêt, la vanité animaient contre lui !

Quelle grimace feront les dames en lisant cet article ! La vérité est offensante, j’en conviens ; je leur demande pardon de le dire ; mais je suis femme, et, puisque