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leur empire un mois de l’année. Six de ces fées étaient du plus mauvais naturel qu’on puisse imaginer. Ce n’était point en ôtant les biens, la santé, et les autres avantages extérieurs aux Lutésiens, qu’elles signalaient leur méchanceté : elles étaient trop éclairées pour regarder comme un mal réel, la perte de ces avantages frivoles. Pour rendre les hommes misérables, à coup sûr, elles s’appliquaient à les rendre vicieux. Tel qui était honnête homme dans une condition médiocre, devenait, par le secours d’une de ces six fées, favori de Plutus, et voyait disparaître sa probité avec son indigence. Une fille trop occupée de sa beauté, était prête à la perdre par une petite vérole, ou quelque autre accident ; elles lui présentaient avec empressement des remèdes sûrs pour conserver des traits qui devaient occasionner sa perte. Avant le règne d’Aris, les Lutésiens dont le défaut n’était pas de trop réfléchir, avaient été dupes de la malice de ces fées ; on les croyait les meilleures per-