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eut ordre d’exécuter cet arrêt. Vous frémissez, mes enfans ; rien ne peut plus, ce me semble, m’empêcher de périr ! Je me sauvai pourtant par la maladresse de celle à qui ma maîtresse avait remis le soin de sa vengeance. Ce fut alors que, devenue sage par mon expérience, je travaillai à me corriger d’un vice qui avait pensé occasionner ma perte. Je ne sortis plus, sans les plus grandes précautions, et mes courses se bornèrent à la cuisine. Je vous avouerai que la vie frugale à laquelle je me voyais réduite, me parut d’abord pire que le supplice que j’avais vu de si près ; mais l’habitude adoucit ma situation ; je m’aperçus même que l’abstinence fortifiait mon tempérament, et je parvins à remercier la fortune de la nécessité où elle m’avait mise de modérer mon appétit et ma sensualité. J’ai vu renouveler trois fois le peuple souricier avec lequel j’habitais. Peu de souris ont rempli la carrière qui leur était destinée par la nature. Les maladies ont mois-