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de leurs maisons ; elles choisissent et étudient si bien leurs domestiques, qu’elles y sont rarement trompées. Elles savent leur inspirer l’esprit d’ordre ; et le cuisinier de celle-ci, instruit par elle depuis dix ans, n’entend pas raillerie sur le vol ; la moindre friponnerie coûterait la vie au plus respectable de tous les chats. D’ailleurs, l’âge de notre maîtresse n’apportera pas le plus léger changement dans notre situation. Les maudites allemandes ont la manie d’élever leurs filles dans cet esprit d’économie où on les a élevées elles-mêmes. Ces demoiselles, quelles que riches qu’elles soient, ne croient point se déshonorer, en descendant dans les détails du ménage : on leur siffle sans cesse aux oreilles que, pour soutenir les dépenses convenables à leur rang, sans nuire à personne, il faut retrancher les superflues ; qu’il faut mettre les domestiques en situation de ne manquer de rien, et de ne rien perdre, et mille autres maximes gothiques dont elles reviennent