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de joie à cette proposition, et assura ce gentilhomme qu’elle l’aimait à la folie. Cependant le fermier s’impatientait de ce que sa fille aînée ne revenait pas, et jurait qu’il voulait la battre quand elle reviendrait. Laure s’échappa de la maison, et vint lui dire que son père était fort en colère. Dans le moment une pauvre femme qui avait trois petits enfans, s’approcha des deux sœurs, et leur dit qu’il y avait vingt-quatre heures que ses trois pauvres enfans n’avaient mangé, et qu’elle les conjurait de lui donner quelque chose. Passez votre chemin, lui dit l’aînée ; on ne voit que des gueux qui ne laissent pas un moment de repos aux gens. Doucement, ma sœur lui dit Laure ; si vous, ne voulez rien donner à cette femme, ne la maltraitez pas. En même tems elle tira un schelling de sa poche ( c’était tout ce qu’elle avait dans ce monde), et le donna à cette femme. Betsi se moqua d’elle, et lui dit : vous êtes bien stupide ; il y a trois mois que vous amassez ce schelling pour