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curieuse de savoir ce qu’ils pensaient de tout cela, et un soir qu’ils eurent ensemble une conversation assez curieuse, je me mis à l’entrée de mon trou, pour les écouter.

Vous voulez donc abandonner cette maison qui vous a vu naître, disait le plus jeune des chats à son ancien ? Eh ! le moyen d’y rester, répondit l’autre d’un air chagrin. Ne voyez-vous pas que, depuis un mois, le jeûne forcé qu’on m’a fait observer, ne m’a laissé que la peau et les os ? Mais, reprit le plus jeune, ne nous reste-t-il pas une ressource ? Quelle que soit la vigilance du cuisinier, je me sens assez d’adresse et de courage pour vivre d’industrie. D’ailleurs, notre maîtresse est décrépite ; sa mort qui ne peut tarder d’arriver, changera notre situation. Vain espoir ! s’écria le vieux chat : apprends que notre malheur a conduit ici une dame allemande, et que, par conséquent, il est sans remède. Les dames de cette nation se croyent chargées du soin