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bornerai à ce que je vous en ai déjà dit.

» Ce fut donc sous le gouvernement de cette bonne femme, que je passai les premières années de ma vie ; mais, par le plus grand de tous les malheurs, cette heureuse situation disparut comme un beau songe, dont il ne reste qu’un souvenir fâcheux. La maîtresse de la maison qui n’avait pas mesuré sa dépense sur ses revenus, se trouva ruinée ; il fallut se résoudre à aller vivre à la campagne, et la maison qu’elle avait habitée jusqu’alors eut de nouveaux hôtes. Comme je n’avais encore aucune expérience, je regardai ce changement d’un œil sec, et comme une chose qui m’importait peu ; je fus bientôt instruite de mon malheur. Notre nouvelle maîtresse avait un train aussi nombreux que la première ; cependant sa maison était aussi rangée que si elle n’en eût eu que deux : cette femme, par un renversement de tout ordre, veillait elle-même sur ses affaires, et ne se fiait qu’à elle des détails économiques. Sucre, con-