Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(64)

Dieu de me donner le moyen de secourir mes maîtres, et de nourrir ces pauvres enfans, je me croirai fort heureuse. Y a-t-il un plus grand bonheur dans le monde que de faire du bien et de pratiquer la vertu ?

Cette réponse fut un trait de lumière pour la marquise ; cette femme venait de lui apprendre où elle pourrait enfin trouver le bonheur qu’elle avait cherché si inutilement. Elle voulut donc essayer de le rencontrer dans cette nouvelle route qui lui était offerte. Elle fit monter cette femme et ces enfans dans son carrosse, et se fit conduire au grenier qu’occupaient le père et la mère. Son cœur fut saisi en y entrant : un peu de paille était leur lit ! et à peine y avait-il dans ce grenier assez d’espace pour s’y tenir debout. La marquise ne voulut pas permettre qu’ils y passassent la nuit ; et ayant envoyé chercher une litière, elle les fit transporter dans sa maison, et voulut elle-même les coucher et pourvoir aux choses qui