Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(63)

avons subsisté quelque tems de notre travail avec beaucoup de difficulté, parce que mon pauvre maître était devenu paralitique, et qu’il fallait qu’une de nous deux lui servît de garde. Il y a quatre jours que ma maîtresse, accablée de fatigue, est tombée malade ; et, ne sachant comment m’y prendre pour les empêcher de mourir de faim, je me suis déterminée à demander l’aumône pour eux : la providence a béni mes intentions ; je me vois en état chaque jour de leur procurer le nécessaire, et j’espère les voir en santé dans peu de jours, car ils sont déjà beaucoup mieux.

Pendant ce récit que cette digne femme n’avait pu faire, sans répandre des larmes ; celles de la marquise avaient coulé avec abondance : Que je vous plains, lui dit-elle, quand elle eut fini de parler ; avec un cœur si excellent et si noble, vous ne méritiez pas d’être si malheureuse. En vérité, reprit cette femme, je ne suis pas malheureuse ; et tant qu’il plaira au bon