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tenir : elle avait reçu ce même jour une lettre de son perfide, dans laquelle il lui jurait un amour éternel. La connaissance de sa trahison la guérit radicalement de la passion qu’il lui avait inspirée ; et il ne lui resta plus qu’un grand desir de se venger et de le confondre. Pour y parvenir, elle feignit de céder aux instances qu’il lui faisait de se démasquer, et elle lui promit de le faire, s’il voulait la reconduire ; il y consentit, et monta avec elle dans le carrosse de son amie, qui les accompagna. Le chevalier parut surpris de la magnificence des appartemens qu’on lui fit traverser ; car il avait pris ces deux femmes pour des aventurières ; et, comme les hommes sont toujours portés à se flatter, il crut qu’il avait eu le bonheur de plaire à une femme de qualité, et redoubla ses prières pour la presser d’ôter son masque. Un coup de foudre l’aurait moins étonné que l’apparition de la marquise ; il resta immobile. Les éclats de rire qu’elle fit, lui firent comprendre