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veux plus vous revoir, vous me jurez que vous m’adorez, et vous êtes prêt d’en épouser une autre. Madame, lui répondit le chevalier, je ne veux pas vous tromper ; ce mariage fait ma fortune, qui est dans une telle situation que je ne puis vous l’offrir ; souffrez-donc que je l’achève, et soyez persuadée que cette fortune ne me touchera qu’autant que je pourrai la partager avec vous. Écoutez, lui dit la marquise, je suis plus tendre qu’intéressée ; qui me répondra que vous ne deviendrez pas amoureux de votre épouse ? On la dit fort aimable. Le danger en est passé, lui dit le chevalier ; je veux bien vous avouer que j’ai été fort amoureux de celle que j’épouse ; mais il y a long-tems que cet amour est fini, et que je n’ai plus pour elle que de la reconnaissance. Je ne manquerai jamais aux égards qu’un galant homme doit à son épouse, c’est à ce que je crois tout ce qu’elle aura droit d’exiger. La marquise eut toutes les peines du monde à se con-