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exécuta cette sage-résolution, et, pendant six mois, elle vit tous les jours son amant, sans pouvoir lui découvrir un seul défaut. Ce fut alors qu’elle crut avoir trouvé le bonheur : elle avait déclaré au chevalier qu’elle était résolue de l’épouser. Les transports de joie avec lesquels il reçut l’assurance d’un tel bonheur, lui prouvèrent qu’il l’aimait passionnément ; et la marquise ne pouvait se persuader qu’il pût jamais manquer quelque chose à sa félicité, lorsqu’elle serait l’épouse d’un homme si parfait. Elle avait pris la résolution de ne l’épouser qu’après l’avoir examiné une année entière, et jamais elle ne voulut entendre parler de se marier plutôt. Il y avait déjà neuf mois de passés, lorsqu’elle crut apercevoir quelque refroidissement dans le cœur de son amant : il lui disait pourtant les mêmes choses que dans le commencement de sa passion ; mais ce n’était plus avec le même feu. Alors la pauvre marquise éprouva les tourmens de la jalousie, de