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vint à Paris, dans la résolution de chercher le bonheur qu’elle mourait d’envie de rencontrer ; mais elle fit une grande faute parce qu’elle n’avait pas une bonne pour la conduire, c’est qu’elle ne pensa pas à demander ce que c’était que le bonheur, et où il fallait le chercher. Elle voyait que tous ceux qu’elle connaissait voulaient être heureux, et que, pour le devenir, ils se livraient au jeu, aux spectacles, aux grandes compagnies, aux festins. Elle crut bonnement que le bonheur consistait en toutes ces choses, puisque tant de gens d’esprit le cherchaient là. Elle se livra de bon cœur à suivre leur exemple. Les premiers jours, elle ne se sentait pas d’aise ; elle dévorait les plaisirs avec fureur. Au bout de quelque tems, elle s’y accoutuma, et ils commencèrent à l’ennuyer. Le bal lui paraissait un amusement puéril, qui n’était propre qu’à détruire la santé, aussi bien que les festins. Les conversations étaient sottes, ou malhonnêtes, ou médisantes. Le jeu,