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passés. À peine, eut-elle épousé ce beau mari, qu’il la conduisit au fond d’une province, et l’enferma avec lui dans un triste château qui devait avoir été bâti du tems de Clovis, tant il était antique. Tous les amusemens de la marquise, dans ce charmant séjour, se bornaient à être la garde de son mari, à écouter les longs discours qu’il lui faisait sur la corruption du siècle, et qui n’étaient interrompus que par des accès de toux qui duraient trois heures. Marianne perdit sa mère la première année de son mariage, et cette mère, lui laissa de grands biens : son mari lui avait donné tous les siens par son contrat de mariage ; ainsi, elle devait être un jour prodigieusement riche. Ce jour arriva, lorsqu’elle n’avait que dix-huit ans ; et notre marquise passa l’année de son veuvage à imaginer ce qu’elle pourrait faire pour réparer tout le tems perdu. Elle avait senti le besoin d’être heureuse, avec beaucoup plus de vivacité que le reste des hommes, et elle