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car, si elle pouvait le soupçonner, elle se contraindrait peut-être, et éviterait de se montrer telle qu’elle est.

Voilà ce que me dit la Raison, et je suivis son conseil. Vous ne gagnâtes pas à cet examen ; je vous trouvai coquette, capricieuse, orgueilleuse, opiniâtre. Ces belles découvertes étouffèrent mon amour : cependant il me resta pour vous un goût que je ne pus vaincre ; je souhaitais passionnément de devenir votre ami, et de gagner votre confiance pour être en état de vous ouvrir les yeux sur vos défauts. Vous savez que je l’essayai, et vous devez vous souvenir que je fus fort mal reçu. Il fallut donc renoncer à mon projet. Je vous vis plus rarement, et je parvins enfin à vous arracher absolument de mon cœur. Il est vrai pourtant que je continuai à m’intéresser pour vous ; j’eus de la joie de la recherche d’Oronte, parce que je pensais qu’un honnête homme parviendrait peut-être à vous guérir de vos travers, et ce fut à ce dessein que je vous vis