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pressement pour moi ; vous m’avez même sollicité, il n’y a pas long-tems, en faveur de celui qui va devenir l’époux d’Éliante.

Émilie, répondit ce cavalier, je vais vous faire un mauvais compliment ; j’en suis bien fâché ! mais, foi d’homme d’honneur, je ne saurais m’en empêcher ; mon cœur vient, malgré moi, sur mes lèvres.

Vous êtes belle, et vous le savez bien ; vous n’ignorez pas non plus que vous avez tout ce qu’il faut pour faire une fille accomplie : je connus tout cela au moment où je vous vis pour la première fois, et je devins amoureux de vous jusqu’à la folie. Heureusement pour moi, je me suis habitué dès ma jeunesse à consulter ma raison, plutôt que mes goûts, et voici ce qu’elle me dit : Émilie est, sans contredit, une fille aimable ; cela suffirait pour une maîtresse, il faut autre chose pour une épouse ; et l’on a besoin pour cela d’une personne estimable. Émilie l’est-elle ? tu n’en sais riens ; il faut donc l’examiner, et, en attendant, cacher soigneusement ton amour ;