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avait prise, de ne contrarier jamais sa capricieuse tante. Vous jugez, parce que je vous ai déjà dit, de ce qu’elle eût à souffrir pendant un tems si considérable. Il est pourtant vrai qu’il n’y eut que le premier mois de pénible ; on s’accoutume à tout ; et quand elle revint à la ville, elle fut tentée de croire que sa bonne tante s’était corrigée, tant elle était peu sensible à ses contradictions ; elle ne les apercevait presque plus.

La première chose qu’elle fit en arrivant chez elle, fut de courir à son cabinet pour se voir dans le miroir de la réflexion. Quelle fut sa joie ! le monstre avait disparu, et son ame était d’une beauté éblouissante. Au même moment, la Raison lui apparut sous la forme où elle s’était offerte à ses yeux, et lui dit : Émilie, quand on profite des premières grâces, on mérite d’en recevoir de nouvelles. Je viens pour vous faire présent d’une bague qui doit assurer votre repos. Quand vous l’aurez au doigt, toutes les personnes