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à la jalousie de ta tante ? tu peux la rendre heureuse, à peu de frais.

Émilie, docile à la voix de la Raison, dit à sa tante : je vais me déshabiller aussi pendant que j’enverrai chercher votre chaise de poste. Aussi bien, depuis un moment, je n’aime plus tant mon habit, qui me paraissait si joli ce matin. La couleur du vôtre irait peut-être mieux à mon visage. Je voudrais que le mien vous convînt, je vous proposerais de faire un troc. Essayez-le, nos tailles sont semblables, et je crois qu’il vous ira à merveille. La tante consentit de bon cœur à cette proposition, et, quand elles furent habillées, Émilie lui dit : oh ! pour cela, vous garderez cet habit qui semble fait pour vous. Vous perdriez au change, dit la tante ; cependant, je le veux bien, si cela vous fait plaisir. Assurément, reprit Émilie, c’est une chose conclue, ne pensons plus qu’à déjeûner. La chaise de poste arriva pendant ce tems, et la tante qui brûlait d’envie d’être vue avec ce bel