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tremblait de crainte, et qui s’attendait à être battu, fut bien surpris de voir Émilie si tranquille. Mademoiselle, lui dit-il, dans deux heures, je serai de retour, et vous aurez sujet d’être contente.

Aussitôt que cet homme fut sorti, elle courût à son miroir. Le changement qu’elle remarqua en elle, l’encouragea à continuer ; elle remercia le ciel de la grâce qu’elle en avait reçue pour se vaincre : et, quoiqu’elle se fût fait fête de mettre cet habit, elle prit une ferme résolution de rester tranquille, quand même il serait gâté tout-à-fait. Le tailleur revint deux heures après, l’habit allait à merveille, et Émilie, en attendant sa tante, se promenait en long et en large dans une chambre remplie de miroirs, pour se voir de tous les côtés. Elle en eut tout le tems, car la tante n’arriva qu’à dix heures, ce qui procura une nouvelle victoire à Émilie, qui mourait d’envie de s’impatienter, et qui n’en fit rien.

La tante avait un habit de cheval qui,