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modérer mes passions : j’aurai sans doute beaucoup de peine à y réussir ; mais on peut venir à bout des choses les plus difficiles, avec le secours de la Raison.

Pendant qu’Émilie était dans son cabinet, un domestique frappa à la porte, et lui annonça la visite d’une de ses tantes. C’était une dame de cinquante ans, assez bonne femme ; mais si capricieuse qu’elle en était insupportable. Elle changeait d’avis à tout moment, et pour vivre en paix avec elle, il eût fallu n’avoir pas une volonté à soi, et se servir de la sienne ; aussi tout le monde la fuyait-il : elle lassait la patience de ses domestiques, et était réduite à vivre toute seule. Émilie quitta son cabinet pour la recevoir ; et sa tante, après l’avoir embrassée, lui dit qu’elle venait lui dire adieu parce qu’elle allait passer quelques mois à la campagne. Dans le moment, Émilie entendit la voix de la Raison, qui lui disait : voilà une belle occasion de vous corriger ; si vous aviez le courage de sui-