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Marianne ne montra aucune faiblesse : elle demanda pour dernière preuve de son amour à son amant, une assurance de ne la voir jamais ; elle le conjura de transporter à sa digne épouse la tendresse qu’il avait eue pour elle jusqu’alors. Lorsqu’il fallut se séparer, elle embrassa sa rivale avec une effusion de cœur qui attendrit madame de la Noix, à qui elle fit promettre de la revoir quelquefois dans la retraite où elle allait s’ensevelir pour jamais. Monsieur de la Noix fit paraître moins de courage, et voulut excuser, aux yeux de son épouse, des transports qui le maîtrisaient malgré lui ; elle l’assura qu’elle n’en était point offensée, et qu’elle aurait mauvaise opinion de son cœur, s’il se séparait sans douleur d’une personne qu’il avait tant aimée. Son premier soin, après le départ de Marianne, fut de lui assurer, par un bon contrat, une somme qui la pût faire, vivre à son aise le reste de ses jours.

Marianne était entrée dans un couvent