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cesse de celle qui le causait, et lui faisait espérer de la revoir bientôt.

Cependant, Marianne éprouvait les plus vives alarmes. Elle ignorait la maladie de son amant, et, se croyant abandonnée, elle n’écouta que son désespoir. Elle avait fait connaissance à Auxerre avec un jeune homme qui avait pour elle une amitié sincère (et c’est de la bouche de ce jeune homme que je tiens cette aventure). Il eut pitié de son état, et consentit à la conduire au lieu où demeurait la Noix. Cette fille était dans le plus grand désordre ; ses yeux étaient baignés de larmes ; et, n’osant entrer dans une auberge en cet état, elle se cacha dans une pièce de bled, en attendant que son confident eût remis une lettre à son amant.

Il se fit conduire chez lui ; et, ayant demandé à lui parler, on fut avertir son épouse : dans l’intervalle qu’elle mit à venir, il apprit que le maître du logis était à l’extrémité, et, se trouvant fort embarrassé de sa contenance, il inventa