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merez soigneusement la porte, et vous vous regarderez attentivement dans ce miroir. Je suis sûre que vous ne le ferez pas long-tems, sans être excitée à faire les plus grands efforts pour vous corriger.

La Raison disparut en prononçant ces derniers mots ; et Émilie, sans perdre un moment, retourna chez elle, et courut se renfermer dans son cabinet. Elle y trouva le miroir dont la Raison lui avait parlé ; mais la glace en était si trouble qu’elle ne put y rien distinguer. Elle se souvint alors qu’on lui avait recommandé de fermer la porte de son cabinet, elle obéit, et commença à voir quelque chose de confus dans la glace, sans pourtant pouvoir bien connaître ce que c’était. Elle fut tentée alors de tout abandonner ; toutefois, elle réprima ce mouvement, et résolut de ne point sortir de ce lieu sans découvrir ce que la Raison avait promis de lui faire voir. Elle s’assit donc tranquillement, fit tous ses efforts pour vider son esprit des pensées inutiles, afin de ne s’occuper qu’à