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époux, et assura sa mère que ces rapports venaient de personnes intéressées à troubler leur ménage. La Noix fut confondu à la vue de la vertu de son épouse, et sentit augmenter la vénération qu’elle lui avait inspirée : il rougit de sa faiblesse, et se détermina, pour la première fois, à la vaincre. Il fut trois jours sans aller à Auxerre ; mais la violence qu’il se faisait était trop grande, pour ne pas déranger sa santé : il fut pris d’une fièvre violente, pendant laquelle son épouse ne l’abandonna point un instant. Dans cet état, il était aisé de connaître à quel point il était agité : tantôt il appelait Marianne, et lui demandait pardon d’avoir conçu le dessein de lui être infidèle ; tantôt il priait son épouse de lui aider à vaincre une passion si injurieuse pour elle et si contraire à son repos. Sa fièvre augmentant, fut suivie d’un transport qui fit craindre pour sa vie ; et il dut son rétablissement a la prudence de son épouse qui, dans ses momens de délire, lui parlait sans