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Son histoire devint bientôt le secret de la comédie ; chacun se la contait à l’oreille, et l’on gémissait de l’aveuglement de madame de la Noix qui, seule, ignorait, disait-on, la mauvaise conduite de son époux. Quelques personnes de celles qui ne cherchent que l’occasion de se rendre nécessaires, prirent la peine de la mettre au fait, et furent fort surprises du sang froid qu’elle témoigna à cette nouvelle. Elle traita d’abord les donneurs d’avis de calomniateurs, et finit, en les priant de ne point se donner la peine d’examiner la conduite d’un époux dont elle n’avait aucun sujet de se plaindre, et qu’elle trouvait fort extraordinaire qu’on se mêlât d’une chose qui la regardait uniquement.

Le bruit que faisait cette aventure, étant parvenu aux oreilles de la mère de madame de la Noix, elle vint faire à son gendre les reproches les plus piquans ; mais sa fille, sans manquer au respect qu’elle lui devait, prit le parti de son