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pas davantage pour réveiller sa passion. Il oublia dans ce moment tout ce qu’il devait à son épouse ; et, s’étant rendu à Paris, il travailla si efficacement qu’il obtint la liberté de sa maîtresse. Il la mena à Auxerre, et, se flattant de pouvoir en imposer à son épouse qu’il respectait trop pour ne la pas craindre, il lui proposa d’aller passer six mois à sa maison de campagne.

Madame de la Noix, trop intéressée à suivre les traces de son époux, n’ignorait pas le motif de la prière qu’il lui faisait ; mais elle crut qu’il fallait céder au torrent, et qu’elle ne ferait qu’aigrir le mal, si elle voulait employer, pour le guérir, des remèdes violens. Elle se laissa donc, conduire à la campagne, où son époux, content de la possession de sa maîtresse, qu’il se procurait la liberté de voir fort souvent, reprit sa gaîté ordinaire, et vivait avec sa femme comme avec une amie, pour laquelle on a les plus grands égards.