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nouvelle mariée (que j’appellerai, comme tout le monde fit le lendemain, madame de la Noix), si vous avez cru que ma complaisance pour vous eût son principe dans l’espoir de me rejoindre un jour à l’objet de mes premières inclinations : j’ai consenti, aux pieds des autels, à vous recevoir pour mon époux ; je n’appellerai jamais d’un engagement que je crois sacré pour moi, puisqu’il a été pleinement volontaire ; mais cela ne mettra aucun obstacle à votre félicité ; je puis prendre, dans le couvent, la place de Marianne, et vous laisser, par-là la liberté de vivre heureux avec elle. Instruisez-la de vos résolutions ; je me charge de lui faire tenir votre lettre ; en attendant le moment favorable de les exécuter, que notre union apparente trompe nos surveillans, et vous laisse la liberté de prendre les mesures les plus convenables pour avancer votre bonheur.

La Noix fut si transporté d’admiration et de reconnaissance à ce discours, qu’il s’en fallut peu qu’il ne mît un obstacle in-