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à tout ce qui pourra y contribuer, pourvu que je le puisse faire sans blesser mon honneur et ma conscience.

La Noix sembla sortir comme d’un profond sommeil ; et, regardant son épouse avec des yeux remplis de larmes, il lui fit, d’un ton pénétré, l’histoire lamentable de ses malheurs. Vous méritez tout mon cœur, ajouta-t-il, et je gémis de ne pouvoir vous le donner ; mais vous me paraissez trop raisonnable, pour m’imputer à crime une faute involontaire. Je ne vous dirai point que le tems et vos charmes pourront me faire oublier Marianne ; non, madame, je sens que je l’aimerai toute ma vie, et je mourrais de douleur s’il fallait serrer les nœuds qui semblent nous lier ; j’accepte votre amitié comme le plus précieux de tous les biens ; trompons les tyrans qui nous ont ravis à ce que nous avions de plus cher, et réservons nous, pour un tems plus favorable, la liberté de réparer leurs injustices.

Vous vous êtes trompé, lui répondit la