Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(222)

causé tout ce fracas ; et que son fils, instruit par des gens mal intentionnés, de l’attachement de la nouvelle mariée pour son cousin, n’avait pu se résoudre à consommer un mariage qui ne lui livrait que la moitié de son épouse, dont un autre possédait le cœur. On se paya de cette excuse, tant bonne que mauvaise ; la mariée fut emmenée chez son beau-père, et ses parens se chargèrent à leur tour d’inventer un roman qui pût satisfaire le public. Le jeune homme fit quelques excuses à sa nouvelle épouse, des soupçons qu’il avait conçus ; elle fit semblant de les croire sincères ; et la fin de cette comédie fut un grand repas, où chacun fit de son mieux pour s’exciter à la joie : je dis pour s’exciter, car il régnait un froid parmi les nouveaux mariés, qui se communiquait aux assistans, et le repas semblait ne devoir être rien moins que gai ; mais le vin de ce terroir est un spécifique sûr contre la mélancolie ; et, sur la fin du souper, on avait totalement oublié tout ce qui pou-