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tifice dont je vais me servir pour justifier votre extravagance. Le jeune homme craignait beaucoup son père ; il le connaissait inflexible ; il crut donc n’avoir rien de mieux à faire, que de se prêter pour le moment à tout, ce qu’il exigerait de lui, se réservant le droit d’appeler de ces arrangemens dans un tems plus favorable.

Ils arrivèrent à Auxerre. Le vieux la Noix savait que sa brue n’avait consenti à épouser son fils que par obéissance : elle était prévenue d’une forte inclination pour un de ses cousins, avec lequel elle avait été élevée ; mais cette fille, pleine de vertu, n’avait écouté que son devoir. Son amant, désespéré de sa soumission, était parti pour sa garnison, sans avoir pu obtenir d’elle la faible consolation d’entretenir un commerce de lettres. Ce fut sur la connaissance de cet événement, que le père fabriqua le roman qui devait servir d’excuse à son fils. Il écrivit au père de la demoiselle, qu’un excès de délicatesse avait