Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(219)

son père, pendant que Marianne fondait en larmes sans oser regarder sa mère. Que voulez-vous que je fasse pour vous, dit le vieux père à son fils ? Votre mariage, revêtu de toutes les formalités, est hors d’atteinte ; un éclat ne servirait qu’à déshonorer mademoiselle : si vous l’aimez, comportez-vous de façon à ne pas laisser soupçonner qu’elle ait eu aucune part à votre équipée : je me charge de son établissement ; et, en attendant qu’il s’en présente un convenable, elle peut choisir une maison religieuse, où je paierai régulièrement sa pension.

La mère de Marianne n’avait point encore parlé : elle voulut faire à sa fille les justes reproches que méritait sa mauvaise conduite ; mais, monsieur de la Noix, lui fit si bien comprendre qu’ils étaient inutiles, qu’elle promit d’oublier le passé, d’autant plus aisément que Marianne s’engagea à se faire religieuse, et à dérober par-là sa honte au public. La mère, qui ne voulait pas laisser ralentir la bonne vo-