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Monsieur de la Noix, descendu chez la mère de Marianne, lui faisait un détail que la bonne dame ignorait entièrement : elle avait de l’honneur ; et, sans savoir jusqu’où sa fille avait poussé le roman, elle craignit d’abord qu’elle ne l’eût commencé par la queue. Elle appelle sa fille ; et, ayant appris d’une servante qu’elle était entrée dans l’auberge prochaine, elle s’y rendit au moment que nos amans se préparaient à en sortir. L’on s’imagine assez quelle dut être la honte de Marianne. Suivez-moi, mademoiselle, lui dit monsieur de la Noix ; je vous donne ma parole d’honneur qu’il ne vous arrivera aucun mal ; et vous, mon fils, soyez témoin de ce que je vais faire en faveur de votre maîtresse, à moins que, par votre mauvaise conduite, vous ne mettiez des bornes à mes bontés pour vous et pour elle.

Ces paroles équivoques firent naître un rayon d’espérance dans l’ame de ces jeunes gens ; et, à peine furent ils entrés dans la maison, que la Noix se jeta aux pieds de