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d’être aussi surpris que les autres ; mais sachant en quel lieu il devait chercher le marié, il prit la poste sur-le-champ, pendant que les parens de la demoiselle continuaient à le chercher partout, excepté dans la rivière (car en France, il serait inoui qu’un homme se noyât le jour de ses nôces, passe pour le lendemain).

Monsieur de la Noix arriva à Paris une heure après son fils. Celui-ci était venu descendre dans une auberge, proche la maison de Marianne ; il l’avait envoyé chercher ; et, en jeunes gens, ils avaient passé à délibérer le tems qu’il aurait fallu employer à agir. Véritablement leur situation était embarrassante. Quoique leur mariage ne pêchât pas, selon eux, autant que le second, ils ne pouvaient ignorer qu’on n’aurait point d’égards à cet acte essentiel, par lequel ils avaient commencé. D’ailleurs, ils n’avaient point d’argent ; et que faire sans ce métal, devenu absolument nécessaire dans ce siècle félon, où l’on compte pour rien les beaux sentimens.