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les mêmes paroles qu’elle avait dites au paysan.

Rien n’est si vilain, disiez-vous, il n’y a qu’un moment, que de quereller une personne qui demande excuse d’une faute qu’elle a commise par accident, et sans dessein d’offenser, sur-tout quand le mal est irréparable. Que ceci vous ouvre les yeux, continua la dame. Vos passions auxquelles vous vous êtes abandonnée, troublent votre raison, qui naturellement est droite. Elles vous rendent injuste, capricieuse, méchante et sotte, quoique vous ayez reçu du ciel un excellent caractère, qui paraîtra tel aussitôt que vous travaillerez sérieusement à régler vos passions.

Ah ! madame, dit Émilie, êtes-vous un ange ? êtes-vous un génie bienfaisant envoyé pour m’ouvrir les yeux ? Je ne suis ni un ange, ni une fée, répliqua la dame. On m’appelle la Raison. J’étais destinée à régner sur tous les hommes ; et s’ils eussent voulu rester sous mon em-