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pauvre, et le père du jeune homme était fort avare. Il ne fallait donc pas espérer qu’il donnât son consentement à un mariage qu’un homme de sa trempe eût trouvé fort disproportionné, malgré l’égalité des conditions.

La Noix ne cacha pas à sa maîtresse cet obstacle invincible. Marianne pleura : et son amant, après avoir déploré avec elle pendant quelques mois le despotisme que les pères exercent sur leurs enfans, se lassa de se consumer en plaintes inutiles. Après tout, dit-il à sa maîtresse, mon père n’est point immortel : mille accidens, une maladie, la vieillesse au moins, en m’ôtant ce père incommode, me laisseront la liberté de couronner votre tendresse. Marianne était jeune, elle aimait, elle écoutait son amant : elle ne pouvait pas manquer d’être bientôt persuadée ; et, pleine de confiance en la probité de la Noix, elle se dit à elle-même, que mille sermens valaient un contrat. Nos jeunes gens remirent donc les céré-