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de ramener leurs époux dans le chemin de la vertu, et croient se devoir permettre une vengeance qui ne retombe que sur elles, et qui, d’un objet de pitié, les rend des objets de mépris. On ne peut donc rendre un plus grand service au beau sexe, que de lui donner un moyen toujours sûr de regagner le cœur de leurs époux. Je pourrais sur ce sujet débiter les plus belles maximes ; mais je crois qu’un exemple récent est plus propre à leur faire comprendre l’efficacité du remède que je leur présente.

Monsieur de la Noix, gentilhomme bourguignon, étudiait à Paris ; son hôtesse, veuve d’un officier qui n’avait que la cape et l’épée, avait une fille fort aimable. La facilité de se voir à toutes les heures du jour, autant que le rapport d’humeur, inspira à ces deux jeunes gens l’amour le plus tendre. Si la Noix eût été son maître, il n’eut pas balancé à partager sa fortune avec la charmante Marianne ; mais, il était riche, elle était