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tous les chagrins qui me suivraient sans cesse et que je ne pourrais éviter.

De Clerville se retira plus amoureux que jamais, et parla au père. Boissart fut surpris, alla trouver sa fille, la pressa même ; mais elle lui répondit les mêmes choses qu’au marquis. Enfin, sur ce qu’on voulut la retirer du couvent, elle protesta que, si on lui faisait la moindre violence, elle se ferait religieuse.

Le marquis retourna voir Angélique, se plaignit, l’accusa de l’aimer peu : elle l’assura toujours que si elle l’aimait moins, elle agirait différemment. De Clerville, voyant que rien ne pouvait vaincre sa résistance, prit congé d’elle, et revint à Paris.

Il crut qu’il perdrait bientôt dans les plaisirs l’idée de son amour, mais ce fut un vain remède : sa passion était trop vive ; il revint dans sa terre, et courut au couvent plus amoureux que jamais. Angélique était toujours la même ; elle revit avec plaisir son amant qui, outré