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pouvez-vous le connaître ? Deux mois de mariage, vous y découvriraient peut-être des bisarreries qui vous désespéreraient. Non, je vous le répète encore, je ne consentirai jamais à faire votre malheur. Voyons-nous, aimons-nous, je n’aurai point à me faire un crime de connaître ce que vous valez, et je laisserai mon cœur suivre son penchant ; voilà ce que je puis faire pour vous. Croyez que, si je vous aimais moins, je ne vous refuserais pas.

Le marquis, en allant voir Angélique, n’avait pas absolument envie de l’épouser ; mais la résistance qu’il trouva le détermina. Il fit tout ce qu’il put pour la persuader ; mais ce fut en vain. Il lui dit enfin, qu’il l’obtiendrait de son père. Si vous l’engagez, à vous seconder, lui dit-elle, je ne balance plus, je prends ici le voile ; j’aime mieux me sacrifier pour ne vous pas rendre malheureux, que de vous exposer à un repentir certain, qui troublerait le repos de votre vie, et moi, à