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votre beauté, sont les plus véritables, et ce mérite est plus réel que celui qu’on attache à une naissance dont le sort décide uniquement.

Votre amour vous aveugle, lui dit Angélique, réfléchissez, monsieur, non pour le moment présent, mais pour le reste de votre vie. Cette beauté dont vous faites cas, et que vous élevez au-dessus de ce qu’elle est, est un bien de peu de durée ; le moindre accident peut me l’ôter, et, sans cela, les années viendront bientôt à bout de la ternir. Lorsque la figure ne vous plaira plus, vous diminuerez bien de l’idée que vous avez de mon esprit ; vous le réduirez à sa juste valeur, c’est-à-dire, à peu de chose. Il ne faut pas une longue attention, pour voir que la figure d’une femme donne très souvent toute seule le prix à ce qu’elle dit, et qui ne paraîtrait rien dans une autre bouche. Il viendra un tems où je serai dans ce cas.

Pour ce qui est de mon caractère,