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Angélique : il quitta la campagne pour quelque tems ; mais l’absence ne fit qu’irriter son amour : il revint, résolu de vaincre, à quelque prix que ce fût, la résistance de cette belle. Il se rendit au couvent, et mit tout en œuvre pour l’engager à revenir chez son père ; elle s’en défendit toujours.

Je vous crains, disait-elle au marquis, et je ne sais si je ne dois pas me craindre moi-même : laissez-moi vivre tranquille ; rien ne peut me faire changer de résolution. Vous m’aimez ; je vous ai avoué que je vous aimais ; que voulez-vous de plus ? Vivons contens de cette amitié : vous pouvez me voir ici comme chez mon père ; et, s’il est vrai que vous m’estimiez, vous ne pouvez me demander autre chose.

Qu’arriverait-il, si je sortais de mon couvent ? Que vous croiriez que je suis capable d’une faiblesse, et que je suis lasse de résister. C’est vous qui m’avez obligée de me retirer ici. À quoi m’exposerais-je si je revenais à la maison ? Je