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trop respectables, pour que je ne réponde point à votre confiance comme je le dois. Je vous verrai le moins que je pourrai, par rapport au public. Que cette retenue me coûtera cher ! mais que ne ferai-je point pour ménager une réputation dont dépend mon bonheur ! Mais serez-vous toujours contraire à mon amour ?

Connaissez-moi toute entière, lui dit-elle, et voyez vous-même ce que vous pouvez espérer, par ce que j’ai été capable de faire, et ce que je vais avouer.

Depuis le premier moment que je vous ai vu, je ne sais ce qui s’est passé en moi. J’ai toujours souhaité vous revoir ; j’ai senti de l’inquiétude en votre absence. Enfin, ajouta-t-elle en rougissant, mon cœur m’a parlé pour vous un langage que j’ignorais avant de vous connaître.

Le marquis enchanté remercia la belle de cet aveu, et s’avoua le plus heureux des hommes. Je souhaite que vous le soyez, répliqua-t-elle ; mais si, en vous aimant, j’ai été capable de vous fuir,