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le dispenserait de mille petits soins, et le sauverait de ces résistances dont le sexe fait le prélude des faveurs qu’il accorde.

Mais il ne pensait plus de même : l’estime qu’il avait conçue pour la jeune fermière, avait épuré ses sentimens ; le cœur parlait. Que d’esprit, de noblesse et de vertu, se disait-il en revenant chez lui ! Mais elle n’est point insensible, et je puis espérer de lui faire partager mes sentimens ; ses dernières paroles m’en assurent, et plus encore cette aimable naïveté.

Vous m’avez rendu service en me faisant connaître votre façon de penser : n’est-ce pas me dire que son cœur est pour moi.

Cette douce rêverie l’occupa long-tems ; il se représentait son bonheur, tantôt prochain, tantôt éloigné, mais toujours indubitable. Il pensait qu’une femme dont le cœur est touché pour quelqu’un, ne lui résiste pas long-tems, s’il sait profiter de ses avantages.